Devenu le premier pilote à défendre avec succès le n°1 depuis Mick Doohan, Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) est également le premier à remporter deux couronnes consécutives en catégorie reine depuis Marc Márquez (Repsol Honda Team) en 2019. L'Italien a réalisé cette performance avec la manière puisqu'il a décroché sept victoires, 15 podiums et quatre succès en Tissot Sprint, lui permettant de devancer Jorge Martín (Prima Pramac Racing) de 39 points.
Né à Turin, Pecco Bagnaia connaît d'abord le succès sur des MiniMotos avant que sa carrière ne prenne une dimension internationale en 2011, lorsqu'il se lance dans ce qui était alors connu sous le nom de CEV sur une 125cc. Le transalpin fait le saut en Championnat du Monde Moto3™ en 2013 avant de rejoindre la VR46 Riders Academy et de passer chez SKY VR46 la saison suivante. En 2015, il intègre l'équipe Aspar et pilote une Mahindra, partageant le garage avec nul autre que Jorge Martín cette saison-là et l'année suivante. Pecco Bagnaia remporte ses premières victoires en Grand Prix ainsi que celles de Mahindra en 2016, ce qui lui vaut un pari avec l'équipe qui lui donne la chance de piloter leur MotoGP™ lors du Test de Valence également.
L'année 2017 est marquée par un nouveau défi : le Moto2™, de nouveau avec Sky Racing Team VR46. Il y décroche plusieurs podiums et est nommé rookie de l'année, posant les bases parfaites pour une quête vers la couronne la saison suivante. L'Italien est impérial et boucle son premier titre à Sepang pour devenir Champion du Monde Moto2™ 2018. De là, il monte en MotoGP™ avec Pramac et, malgré une bonne vitesse lors du Test, la saison de rookie s'avère plus difficile, bien qu'il décroche une excellente quatrième place à Phillip Island. En 2020, il monte pour la première fois sur le podium de la catégorie reine à Misano, avant de rejoindre l'équipe d'usine Ducati en 2021.
C'est à ce moment-là que son ascension commence réellement. Trois podiums et une pole lors des quatre premières manches constituent un bon départ, et au moment crucial, il est le dernier challenger de Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP™) après une fin de saison exceptionnelle. Sa première victoire est un duel à couteaux tirés face à Marc Márquez (Repsol Honda Team) à Aragon, et sa deuxième survient une semaine plus tard à Misano. Il termine l'année sur un succès, mais Fabio Quartararo s'empare de la couronne et le monde entier attend une revanche en 2022.
Le monde a eu ce qu'il voulait. Toutefois, les deux hommes réalisent une saison en dents de scie, d'abord Pecco Bagnaia, puis Fabio Quartararo. Pourtant, en arrivant à la dernière manche à Valence, l'Italien a rattrapé un retard de 91 points pour mener le championnat avec 23 longueurs d'avance, ce qui constitue la plus grande remontée potentielle de l'histoire. Le n°63 prend la neuvième place de la course, assez pour assurer la couronne, et célèbre son premier Championnat du Monde MotoGP™ alors que Fabio Quartararo s'est battu jusqu'à la fin sans pouvoir prétendre à la victoire.
L'année 2023 commence avec une info de taille avant même les premiers tours de roue : Pecco Bagnaia pilotera avec le n°1, devenant ainsi le premier pilote à le faire depuis Casey Stoner en 2012. La saison commence idéalement par une démonstration de force lors de la manche inaugurale au Portugal, Pecco Bagnaia remportant à la fois la tout première Tissot Sprint et la première course de GP de la saison. Cependant, le week-end en Argentine est plus difficile avec une sixième place en Tissot Sprint et une 16e en course après une chute. À cet instant, le Turinois n'a plus le choix, il doit rebondir à Austin. Le travail est fait le samedi avec une deuxième victoire en Tissot Sprint mais une chute en course le dimanche alors qu'il domine les débats vient gâcher la fête. Deux résultats blancs lors de deux dimanches consécutifs, un coup dur pour l'Italien et les efforts de Ducati pour tenter de conserver la couronne.
À Jerez, Pecco Bagnaia réagit. Un double podium, dont une belle victoire le dimanche après avoir résisté à la KTM, lui permet de chasser les démons de l'Amérique. Alors que le paddock se rend au Mans, la malchance frappe à nouveau avec un DNF après un accrochage avec Maverick Viñales (Aprilia Racing).
Cependant, une série de courses folles se profilent alors qu'une tournée européenne chargée s'annonce. Le doublé au Mugello sert de tremplin, tandis que l'Allemagne nous offre une bataille pour l'histoire entre ce qui allait devenir le duel pour le titre. Jorge Martín devance Pecco Bagnaia au Sachsenring mais l'Italien s'impose une semaine plus tard sur le circuit TT d'Assen qu'il apprécie tant. À ce stade, Pecco Bagnaia dispose d'une avance confortable de 35 points au championnat au moment de la trêve estivale.
Un quatrième dimanche consécutif dans le top 2 à Silverstone permet au n°1 de porter son avance à 41 points, avant qu'un carton plein en Autriche ne lui offre un matelas de 62 unités. C'est alors que vient le Grand Prix de Catalogne.
Une deuxième place en Tissot Sprint derrière le héros local Aleix Espargaró (Aprilia Racing) permet à l'Italien d'accroître son avance au championnat. Ce dernier est confiant à l'approche de l'affrontement du dimanche et, partant de la pole position, il s'offre le holeshot. Alors qu'une chute collective met plusieurs pilotes à terre derrière lui au premier virage, Pecco Bagnaia voit sa course se terminer prématurément par un highside en sortie du virage 2. Heureusement pour lui, malgré une jambe écrasée par Brad Binder (Red Bull KTM Factory Racing), l'Italien n'est pas blessé, bien qu'il accuse le coup. Cet incident ouvre la voie à Jorge Martín, qui commence à grappiller des points dans la course au titre...
Tout commence à Misano. Le site est l'arrière-cour de la VR46 Academy mais c'est bien le « Martinator » qui marque 37 points. Avec deux podiums obtenus malgré la douleur, Pecco Bagnaia conserve 36 points d'avance avant d'attaquer la tournée asiatique, qui démarre par le Grand Prix d'Inde.
La première visite de Pecco Bagnaia sur le circuit international de Buddh est plus difficile, avec une erreur qui entraîne l'abandon du n°1 le dimanche, alors que Jorge Martín termine deuxième au lendemain de sa victoire en Tissot Sprint. À Motegi, le pilote Pramac réalise ensuite un carton plein malgré la pluie abondante et la pression de Pecco Bagnaia le dimanche. Ainsi, à l'approche de l'Indonésie, l'écart entre l'Italien et l'Espagnol n'est plus que de trois points. Le duel est lancé.
À Mandalika, c'est Pecco Bagnaia qui prend l'ascendant. Jorge Martín chute alors qu'il mène la course le dimanche, tandis que Pecco Bagnaia se fraye un chemin depuis la 13e place sur la grille pour remporter sa première bataille du dimanche depuis le GP d'Autriche. L'Australie est également le théâtre d'une course sensationnelle. Jorge Martín est en passe de remporter une victoire écrasante à Phillip Island mais les derniers tours sont fous et Pecco Bagnaia termine en deuxième position, tandis que son rival rétrograde à la cinquième place, mis à mal par sa stratégie.
En Thaïlande, le vent tourne côté violet au terme d'un nouveau duel épique. Pecco Bagnaia franchit la ligne à la troisième place le dimanche derrière Jorge Martín et Brad Binder, mais une pénalité pour dépassement des limites de piste infligée au Sud-Africain permet au n°1 d'être promu à la deuxième place. Avant les trois dernières courses de la saison, Pecco Bagnaia n'a plus que 13 points d'avance.
Un voyage en Malaisie donne le coup d'envoi d'un triple header décisif dans la course au titre 2023. Jorge Martín bat Pecco Bagnaia en Tissot Sprint à Sepang mais l'équipe rouge lui rend la pareille le dimanche, Pecco Bagnaia se classant troisième, loin devant Jorge Martín, quatrième.
Le Qatar est le prochain point de chute. Jorge Martín remporte la Tissot Sprint de bien belle manière et, avec Pecco Bagnaia qui se contente d'une cinquième place, l'écart se réduit à sept points avant l'avant-dernier Grand Prix de la saison. Toutefois, la situation s'inverse complètement le dimanche. Pecco Bagnaia termine deuxième et le « Martinator » 10e après une course difficile. Avant la finale de Valence, Pecco Bagnaia comptait 21 longueurs d'avance, mais son adversaire, vainqueur de la Tissot Sprint, se faisait piéger le dimanche : une erreur qui lui offrait une nouvelle couronne.